Notre deuxième passage
La météo sera bonne, Étienne me rassure, et pourtant, je suis dans ma cabine et je n’arrive pas à m’endormir malgré la fatigue de la journée. J’ai beau repasser mille fois dans ma tête la liste des préparatifs, tout est fait. L’annexe est montée et solidement attachée, la route est tracée, les gilets sont sortis, la ligne de vie est installée avec le harnais, les lunettes, crème solaire, les sandwichs préparés, les biscuits soda, tout est prêt afin de ne pas à avoir à descendre dans le bateau durant la traversée. Je reste un peu traumatisée de notre dernière expérience et il ne me manquerait plus qu’à me faire poser une sonde pour ne pas devoir aller aux toilettes en pleine mer…. Pour l’instant, j’arrête de boire.
On doit se réveiller demain matin à 5h30 pour partir…. Le seul problème c’est qu’on ne sait plus ce qu’est un réveil et rien qu’à l’idée de programmer notre montre, cela nous rappelle les obligations d’une vie antérieure….Bon, la nausée commence avant même d’avoir levé l’ancre. On rigole avec Étienne et on finit par s’endormir…
Lendemain matin, 6h15, tout le monde ronfle à bord. On se réveille en catastrophe, nous sommes déjà en retard sur notre horaire. Le réveil n’a jamais sonné ou Étienne ne sait plus comment ça marche ou bien c’est son inconscient qui a pris le dessus. On décide de se faire quand même un bon petit brunch avec œufs, toasts et café. Au moins, on aura quelque chose à vomir. On réveille les garçons, repas, gilets de sauvetage et en un éclair, on est tous dehors….
Le capitaine me demande d’aller lever l’ancre. J’ai déjà le goût de pleurer en appréhendant ce qui nous attend. Je me surprends même à faire une prière sur le pont au dieu Éole en le suppliant de rester calme et doux durant les prochaines heures.
On sort la voile, le génois et tout se passe bien, il n’y a rien qui a bloqué, c’est pas normal…. Le vent est avec nous et nous filons à 8 nœuds… On va vite, trop vite, non???? Étienne a pourtant l’air de bien maîtriser la situation, il est même fou de joie, on devrait même arriver plus tôt que prévu, du jamais vu… Frenchkiss vole sur les vagues à toute allure, on gîte tellement fort que tout le côté tribord est sous l’eau. Sacha et moi commençons à stresser et à s’agripper comme on peut pour ne pas glisser. On regarde le capitaine et on lui demande si c’et normal de toucher l’eau comme ça… Et Étienne nous tue d’un simple regard et nous lance :
-Bordel, ça va….si vous n’aimez pas la gîte, achetez-vous un putain de bateau à moteur la prochaine fois!!!!
Ça calme tout le monde et on décide finalement de se mettre par terre à même le sol du cockpit pour ne plus avoir peur de passer par-dessus bord. Sacha, têtu comme un âne, trouvera la pire position possible pour tenir tête à son père et lui démontrer tout son amour pour les traversées… Les heures passent, on regarde MontSerrat s’éloigner avec ses fumerolles… Et tout d’un coup, je m’aperçois que malgré toute ma super organisation, j’ai oublié de prendre mes pillules pour le mal de cœur…..
Je réalise alors qu’on commence vraiment à s’amariner. Vous dire que j’ai éprouvé du plaisir en pleine mer serait un mensonge, mais cette dernière traversée m’a permis d’avoir moins peur et de prendre un peu confiance. Personne n’a été malade, c’est déjà une nette amélioration! Si on peut maintenant prouver que certains d’entre nous possèdent un gêne de voyageur et de soif de découvertes, je pense qu’il y en a certainement un autre pour les traversées. J’ai reçu le premier mais pas le deuxième en héritage dans cette vie, quoique les choses s’améliorent petit à petit….
Et puis quel bonheur d’apercevoir, au loin, les premiers reliefs de la Guadeloupe ave ses grandes montagnes verdoyantes. Je suis heureuse, j’ai hâte d’arriver…. Étienne est remarquable, une fois de plus… pour nous taquiner il nous pointe du doigt la direction de l’Afrique et nous dit qu’il nous faudrait environ deux semaines pour y arriver avec des vents favorables. Cela fait plusieurs fois qu’il nous le répète. Connaissant mon mari, il a bien des idées qui trottent et des projets dans sa tête. Le continent africain, vraiment? Pour l’instant, on l’envoie tous chier…. La Guadeloupe nous attend!
Salut à tous et continuez à nous écrire.
PS: Etienne traîne à terminer son articule sur Antigua qui devrait être publié bientôt.
24 janvier 2014 à 19 h 11 min
Auras tu cette fois ci mon commentaire ???.
Je pense bien à vous et suis votre parcours avec attention. Prenez soin de vous et profitez un max de tout ce que vous voyez… Ma grande est à Mexico et aime beaucoup. Dans un mois je serai avec elle. Il fait toujours froid mais un beau soleil chaque jour pour nous chauffer le cœur. Bises à vous quatre
24 janvier 2014 à 21 h 54 min
Ça fait plaisir d’avoir de vos nouvelles 🙂 Super, vos récits et photos, on s’y croirait ! Ça nous réchauffe un peu dans notre hiver 😉
26 janvier 2014 à 12 h 59 min
Kool! Une traversée « normale » et sans montagnes russes!
J’ai bien aimé ton passage Esther où tu rapportes la pire des positions employée par Sacha pour prouver son amour des traversées!!!!!:)
Et aussi, ca m’a fait hurler de rire: la « menace » de traverser…..EN AFRIQUE!!!!!!!!! Non!!!!!!!!!!!!!
J’ai hâte d’avoir un Skype de vous!
Poursuivez l’envoi de vos photos!…………….ici, il fait gr………-34 Deg.!
LOVE.ValXXXXXX