Aventure FrenchKiss

Le récit d'une année à voile en famille.


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Le quotidien…par Esther

Courses à Union

Courses à Union


Même sur un bateau, notre quotidien reste marqué par des obligations, les tâches ménagères, l’école à faire aux garçons, les repas à préparer…. En fait, tout est long et compliqué en bateau et nous perdons beaucoup de temps à faire des allers-retours et à se déplacer en annexe… L’annexe est l’équivalant de notre voiture, il faut l’accrocher au quai de service, mettre le cadenas, jeter l’ancre pour ne pas qu’elle cogne en-dessous du quai au risque de la percer, sauter à quai, sortir toutes les chaussures, prendre les sacs d’épicerie et partir à la recherche d’un morceau de fromage qui ne soit pas pourri, un paquet de jambon qui ressemble à de la viande, un paquet de beurre hors de prix, ou encore du lait qui ne soit pas expiré… Tout ça dans des petites baraques en bois que l’on appelle épiceries… Nos menus ont bien changé ces derniers temps dans les îles anglaises, inutile de chercher de l’eau gazeuse, des céréales, du chocolat, des gâteaux pour les enfants, des yoghourts ou autres produits de base devenus un vrai luxe! Le moindre dépanneur au Canada aurait des allures de grande surface pour nous en ce moment… Et je ne vous parle même pas de mon régime sans gluten à suivre!!!! Par contre, c’est vrai que nous avons du thon jaune, fraîchement pêché, à profusion que nous dégustons sous toutes ses formes: sushis, sashimis, tartare, céviché, tataki à peine saisi….. Sans oublier les fameuses langoustes que nous n’arrivons plus à avaler tellement qu’on en a abusé… Rien n’est parfait, quoi!!!!!!

Nous ne nous sommes pas encore résignés aux saucisses en boîtes de conserve, mais on jongle entre les macaronis Mac and Cheese Kraft, les sandwichs aux œufs, les grill-cheese, les spaghettis, et les variantes de riz… Au grand bonheur des enfants qui ne mangent pas beaucoup de légumes ni de fruits, le seul fruit abordable étant la banane…. Ici, tout est hors de prix, y compris mangues et ananas importés des autres îles car ici, il n’y a pas d’eau…

Petit repas de langoustes

Petit repas de langoustes

Une fois nos bras chargés de bouteilles d’eau potable, nous commençons les nombreux allers-retours entre le magasin et l’annexe afin de ramener des dizaines de packs d’eau…. C’est lourd et il fait une chaleur de plus en plus écrasante ces derniers temps…. Pour vous donner une idée, nous buvons en moyenne presque 8 litres d’eau par jour à nous quatre…. Donc, il faut en porter en en stocker des bouteilles d’eau…

–          Etienne, où sont les enfants????

–          Je n’en ai aucune idée…..

Car en même temps, il faut les surveiller… Ils courent comme des fous sur les routes sans tenir compte que la conduite est à gauche ici et que les locaux conduisent comme des fous…. Sacha part toujours vers toutes les chèvres du village et Noah essaie d’attraper tous les poussins qu’il voit! J’ai l’air d’une vraie folle en criant après eux et en portant des bouteilles d’eau qui m’arrachent les bras… J’ai tellement chaud et je ne suis pas au bout de mon voyage…. Il nous faudra tout charger dans l’annexe, hurler après les garçons qui ont préféré sauter dans l’eau au bout du quai plutôt que de nous aider…. Etienne crie qu’il faut faire vite car il y a de la houle et que l’annexe est projetée sur le quai… Je n’en peux plus!!!! Les garçons remontent dans l’annexe tant bien que mal en essayant de ne pas se faire arracher une jambe avec l’hélice du moteur qui tourne…..

Je demande alors à Noah de tenir très délicatement les œufs frais que je viens d’acheter et que je souhaite rapporter au bateau sans faire d’omelette malgré les fortes vagues…. Il me regarde et me demande alors :

-«  C’est toi qui les as pondus les oeufs, ou quoi????? »…

J’en peux plus!!!! Ça, c’est sans compter qu’il faudra tout monter sur le bateau en arrivant, tout ranger rapidement car il fait une chaleur épouvantable…. Le frais ira dans ce qu’on peut appeler un frigo, gros comme une glacière et toujours tiède, le sec ira dans les câles humides qu’il faut ouvrir et nettoyer à chaque fois car elles sont pleines d’eau croupie…  Puis, vider les cartons ou les sacs d’épicerie qui cachent, bien souvent, des cafards qui ne sont pas les bienvenus à bord…. Ensuite, ce sera l’heure de se mettre aux fourneaux, vite, vite, de faire la vaisselle en allant chercher un seau d’eau de mer, oh, c’est lourd et  j’ai encore mal aux bras… et puis ouf!!!! C’est l’heure de la sieste obligatoire si on veut reprendre des forces pour la suite…. Mais il fait tellement chaud, les garçons s’excitent et c’est la panique à bord… Noah ne veut plus faire de sieste car il est grand maintenant (bientôt 5 ans!), Sacha, lui, préfère aller dormir plutôt que de faire l’école et Étienne me demande de lui faire un expresso instantané au plus vite pour survivre car on part bientôt en navigation et qu’il faut faire vite pour arriver avant que le soleil ne se couche… J’en peux plus!!!! Pendant ce temps, les garçons ont sorti la peinture, les légo, les Playmobil et il faudra tout ranger car de toute façon, tout sera explosé durant notre prochaine traversée à cause des vagues…. Encore, une autre crise à gérer à bord avec les garçons, alors qu’Étienne démarre le moteur du bateau et me demande d’aller en avant pour remonter l’ancre…. Alors, je me demande si c’est vraiment pour ça que nous avons travaillé si fort…. C’était vraiment ça notre rêve????

Et puis maintenant, il faudra sortir les gilets de sauvetage pour tout le monde, une autre crise à gérer avec les enfants qui ont chaud et ne veulent pas les mettre…

On lève l’ancre, je vais enfin pouvoir m’assoupir et reprendre des forces durant la traversée… Sauf que les enfants ne veulent pas se reposer, Sacha décide de mettre des lignes de pêche à l’eau pour attraper un thon et Noah a envie de caca… Il n’arrive toujours pas à pomper les toilettes, j’avoue qu’il faut pomper au moins 20 fois pour que le tout s’évacue… Étienne me demande si j’ai mis de la crème solaire aux garçons et si tout est sécurisé à l’intérieur car ça va giter… On est toujours pas parti, tout le monde a soif là-haut…

-« Dis Etienne, on en a pour combien de temps environ? »

– « Deux ou trois heures…. Ça veut dire 4 ou 5! »…

Donnez-moi un aspirine, j’en peux plus!

Voilà un court extrait de notre quotidien à bord… Et malgré tout ça, aucune envie de quitter le navire, chaque jour est une nouvelle aventure, aucun regret, nous sommes tout simplement heureux sur Frenchkiss et profitons de chaque instant… Plus aucune pensée de notre vie antérieure, notre baignoire s’est transformée en un océan salé dans lequel nous nous jetons tous les soirs au coucher du soleil… Et je m’en porte très bien ainsi!  Vive l’aventure.

 


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Nouvelles du captaine

Arrivée à Béquia, porte d'entrée des Grenadines

Arrivée à Béquia, porte d’entrée des Grenadines

4 ieme match de la série, le score est 3-3 entre le Canadien et Tampa Bay.  Il reste 2 minutes au quatrième match et une pénalité est appelée.  La tension est extrême….Je prends quelques secondes pour bien jouir du moment présent.  Nous sommes à Bequia dans un petit resto sympa surplombant la baie d’Admirality.  Nous venons de terminer un délicieux repas offert par nos amis Noémi et Jim afin de célébrer la fin de leur visite et une belle semaine de voile qui se termine.  Champagne à la main, on discute avec le propriétaire de la place qui est suédois et fan fini de Hockey ce qui explique le pourquoi du match sur la télé.   Voyant notre excitation, la serveuse veut agrandir l’écran d’ordinateur mais fait tout geler….vite, elle redémarre le PC et…..ILS ONT MARQUÉ!!!!  Nous crions comme des fous et tous les clients du  resto nous regardent bizarrement…..on s’en fout, le moment est  magique!!!!

C’est un peu surréaliste et surtout inattendu d’écouter le Hockey sous les alizés et 27deg dans un trou perdu des Grenadines.  Cette soirée marque le départ de nos amis mais  aussi la fin de la période des visites qui se sont plus ou moins suivies depuis début Mars.  Difficile de résumer ces 2 derniers mois tellement nous avons vécu de moments intenses et d’aventures. Notre absence du blog s’explique facilement par le fait que nous avons tout simplement décroché…..

 A  cette étape de notre voyage, nous sommes parfaitement intégrés à la vie sur l’eau.  Les navigations s’enchaînent entre chaque découverte, la routine d’entretien et de ravitaillement est bien huilée (sans être de tout repos),  seule l’école de Sacha reste un défi quotidien mais, au moins, il obtient de bonnes notes au CNED.  En fait, nous sommes super bien adaptés à cette vie de nomade sur mer.

Le dernier mois a été marqué par la visite de notre grand ami Fréderic Giraud.  Avec lui, nous sommes descendus du Marin en Martinique jusqu’à Union aux Grenadines pendant 3 semaines.  Difficile de décrire un tel voyage.  D’un coté, le plaisir de partager ma passion de la navigation avec mon meilleur ami, de l’autre, toutes les soirées bien arrosées passées à refaire le monde en regardant le ciel étoilé en passant par les bonnes bouffes, les plongées et les rencontres….sans oublier la découverte d’îles et de mouillages avec chacun leur côté exceptionnel….quel programme!   C’est un réel plaisir de partager notre bonheur… à chaque fois  je pense au film « Into the Wild »où le protagoniste de l’histoire écrit avant de mourir seul au fin fond de l’Alaska…. « Le bonheur est réel que s’il est partagé  (HAPPINESS [is] ONLY REAL WHEN SHARED»)…. Merci à tous nos visiteurs qui nous ont encouragés et qui ont partagés notre bonheur.

La visite de Fred a été suivie par celle de Noémi et Jim qui ont réussi à larguer leurs 3 gamins (une première en 7 ans)  pour venir reprendre des forces avec nous.  La simple vision de leur couleur de peau à leur arrivée nous a fait rappeler la beauté et surtout la longueur de l’hiver Québécois…. qui ne nous manque pas!  Nous avons pu admirer le courage de Jim qui cumule travail, famille et MBA à temps plein… Nous connaissons maintenant tous les hot spots internet des Grenadines car, même en vacances, Jim devait jongler entre les travaux d’équipe et les lectures à faire… Cela nous rappelait  un autre monde, devenu irréel pour nous tant il est loin de notre vie actuelle…Et dans lequel nous ferons tout notre possible pour ne plus y retourner! Encore des apéros bien arrosés, remplis de rires et de bêtises…

De mon côté, j’assume avec plaisir mon rôle de capitaine.  Pour une fois dans ma vie, j’ai l’impression d’avoir le contrôle sur ma vie. .  Il n’y a pas de plus grand plaisir que de se lever le matin sans savoir où l’on dormira le soir même….peut être au même mouillage, peut être sur la prochaine île qui nous attire avec ses plages idylliques, son récif de corail, ses visiteurs sympas  ou ses petits bars festifs.  Rien de planifié et aucune  d’obligation!!!

Pour le sommaire de nos visites, je vous laisse regarder les photos:

De Martinique aux Grenadines :  https://flic.kr/s/aHsjXd6Njp

Mustique : https://flic.kr/s/aHsjXadYnC

Nous quittons à l’instant Canouan pour un dernier saut aux Tobagos Keys avant de quitter les Grenadines…il est temps;  voila plus d’un mois que nous vagabondons dans ces eaux et nous avons le gout de retrouver une grande ile avec un meilleur approvisionnement.

Prochaine étapes : Petit St-Vincent, Petite Martinique et Cariacou.

À Bientôt.


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La Baleine

La fête à bord de FrenchKiss!

La fête à bord de FrenchKiss!

« Sécurité, sécurité, sécurité…ici le CROS Antilles-Guyane…. Alerte à tous les navigateurs : Une grosse baleine morte à la dérive a été signalée au large des côtes de Sainte-Lucie, à la position GPS suivante… Nous demandons à tous les marins de naviguer avec une extrême prudence… »

–          Maman????

–          Quoi????

–          C’est vrai, Maman???

–          Eh bien, oui, Sacha, c’est vrai…

Étienne et moi, on se regarde… Pas besoin d’en dire plus pour comprendre toute la tristesse et les interrogations de Sacha par rapport à ce message. Ses deux grands yeux bleus scrutent l’océan pensivement…

Voilà plus d’un mois depuis nos dernières nouvelles et cet évènement nous rappelle à quel point ce voyage est une expérience formidable et enrichissante pour les garçons….et pour nous aussi!

Ce dernier mois nous a mené de Pointe-à-Pitre à Fort de France, en passant par Marie-Galante et ses 106 moulins, la Dominique et ses 365 rivières, le village de Saint-Pierre en Martinique et son lourd passé volcanique, le rocher Diamant… On ne compte plus les plages, les cascades, les petits ports, les villages de pêcheurs, les restaus sympas et les couchers de soleil…

Ce dernier mois aura été aussi riche en visite, apéros et ti-punchs entre l’arrivée de Mamoulie et nos amis Jean, Mado, Marie-Chantal, Normand, Éloïse et Alicia… Que de bonheur pour les garçons de retrouver leur grand-mère et leurs petites copines, et que d’occasions pour nous de continuer à fêter avec nos amis!

Tout cela, sans oublier l’école de Sacha, les quelques réparations de Frenchkiss et le quotidien, malgré tout, encore présent, même sur un bateau. Nous sommes depuis quelques jours au Marin, Martinique afin d’en finir avec la paperasse d’une ancienne vie qui ne nous manque point (impôts, taxes à payer, courrier à suivre, location d’appartement etc.). Nous sommes maintenant prêts pour filer vers le Sud : direction Sainte-Lucie et les Grenadines! Ces endroits qui nous ont fait tant rêver… Nous avons hâte de partir, l’appel du grand large s’est propagé à toute la famille qui attend avec impatience la prochaine traversée et la soif de découvrir toujours plus…

Le point marquant de ce mois aura été la passion de la voile qui s’est développée pour les enfants et moi. Que d’étonnement de voir les garçons sortir leur gilet de sauvetage, mettre leur bracelet anti-nausée (un atout uniquement psychologique!) et préparer leurs petites affaires, doudous et oreillers afin de jouir des traversées qui vont jusqu’à 6 ou 7 heures parfois. On mange, on dort, on rigole et joue… le temps s’arrête enfin! Même le capitaine arrive à s’assoupir quelques minutes! Et tout ça, par 3-4 mètres de creux et 20 nœuds de vent dans les passages inter-îles….on revient de loin!!

Frenckiss est maintenant notre bébé, notre maison, notre petit lieu où il fait si bon se retrouver tous les soirs… Il fait lui aussi partie de la famille!

–          « Maman, j’espère juste que la baleine a eu une belle mort et qu’elle n’a pas souffert… »

–          Bien sûr que non….elle a eu une belle vie dans la mer chaude des Caraïbes!

Sur ce, je vous laisse découvrir quelques photos de notre dernier mois….une image vaut mille mots.

À la prochaine…

Allez au lien suivant

 https://flic.kr/s/aHsjUxqQwn

 


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Le poisson coffre

Poisson coffre

Poisson coffre

Voila déjà neuf  jours que nous sommes dans l’archipel des Saintes en Guadeloupe.  Les enfants sont avec  Ulrich le potier, unique habitant de l’Îlet Cabrit, personnage aussi fascinant que mystérieux qui se fait un plaisir d’enseigner son art aux enfants.   Pendant qu’Esther se repose juste à côté sur la plage, j’en profite pour aller faire ma plongée journalière, moment de pure détente après une journée toujours très occupée malgré ce que les gens pensent de la vie sur un bateau!   En me laissant tranquillement dériver dans le courant, je prends le temps de savourer l’instant présent et de me rappeler que je suis au cœur de ce projet que nous avons préparé depuis tant d’années.  Nous sommes aux Saintes, lieu qui m’a interpellé tant de fois par le passé en étudiant les cartes marines des Caraïbes par les grands froids d’hiver depuis ma chambre sur la rue Querbes.

***

Depuis que nous avons aperçu les côtes verdoyantes de la Guadeloupe nous avons été envoutés par celle qui se fait surnommer l’émeraude des Caraïbes.   Dès que nous avons jeté l’ancre à Deshaies, nous avons été charmés par ce petit village de pêcheurs au charme créole  et sa petite église, tout en retrouvant la richesse de la culture française;  la bonne bouffe, l’architecture, le charme des petits cafés et boulangeries, etc.  Esther était aux anges de retrouver les petits Casinos ou Leader Price pour ravitailler le navire et concocter de délicieux repas à son équipage.  Que dire des bons vins Français, sinon qu’ils sont un nectar pour le palais à moins de 6 Euros!   Basse terre est surplombée par d’imposantes montagnes abruptes qui se noient dans la côte sur des plages de sable noir volcanique, un contraste avec les îles que nous avons visitées depuis notre départ.  Une forêt luxuriante est omniprésente et d’une richesse incroyable.  La visite du jardin botanique de Deshaies, ancienne résidence du regretté Coluche, nous fait découvrir ces merveilles avec vue sur notre FrenchKiss dans la baie tout en bas.   Notre prochain arrêt était à l’île Pigeon qui fait partie de la réserve Cousteau, site protégé faisant partie du parc de la Guadeloupe.  C’est incroyable ce que quatre petites bouées délimitant un parc marin ou la chasse, pêche et ancrage sont interdits peuvent  faire.    Les fonds marins sont merveilleux, une myriade de poissons dans une eau cristalline  nous attendait à chaque plongée et nous y avons croisé tellement de tortues que nous ne les regardions à peine après quelques jours.  Un autre rappel de l’impact de l’homme sur notre environnement.

Nous avons eu la chance d’y faire la connaissance d’une sympathique famille de français avec leur fille de 10 ans. Une première depuis notre départ car, à notre grande déception, les navigateurs  sont principalement des couples sans enfants ou des retraités, à croire que nous sommes les seuls assez débiles pour se lancer dans une telle aventure!!!   Isabelle et Guillaume ont construit leur superbe bateau à partir d’une coque de 80 pieds destiné à la course au grand large en équipage mais qui avait été abandonné dans un hangar de Sète après l’échec du projet.  Une merveille de voilier, un bolide de course convertit à la plaisance où tout a été fabriqué de leurs propres mains.  Il est toujours fascinant et inspirant de rencontrer des personnes qui réalisent leur rêve à force de travail et détermination.   Les apéros bien arrosés nous ont permis d’échanger sur nos péripéties et de partager cette expérience que nous vivons… et que dire des enfants !   Sacha et  Noah sont tombés sous le charme de la grande et belle Angélina qui nous a fait bien rire avec sa hantise des traversées malgré avoir réalisé l’exploit de se taper l’Atlantique avec ses parents!!!  Et par surcroît, enfin un moment de répit pour les parents; c’est beau la vie en symbiose familiale mais bordel que ça fait  du bien de les voir disparaître avec Angelina pour quelques heures dans les contrebas de « The Pearl » sans les entendre crier!!!

Tout cela nous a amené aux Saintes.  Petit paradis au sud de la  Guadeloupe où le petit village de Bourg des Saintes nous accueille avec ses maisons aux toits rouges et ses rues  vivantes.  Impossible de ne pas être charmé par ses habitants, son accueil et ses paysages.  Chaque matin, on vient nous livrer au mouillage nos croissants et notre baguette fraîche  jusqu’à notre lavage déposé la veille.  Le ponton des annexes est bien aménagé, le QG de la société de gestion du parc nous offre le WiFi haute vitesse avec choix de café ou bière froide  et l’eau coûte 1$ le 100 Litres…tout a été pensé pour les plaisanciers…un paradis!!!  Le mouillage étant un peu rouleur en raison de la forte houle qui s’éternise cette année,  nous avons opté pour se déplacer à ½ mile  sur l’îlet Cabrit où bien protégés, nous sommes comme sur un lac….avec en prime une île déserte et un récif de corail!!

***

A travers mes rêveries, sans bouger, j’observe le spectacle qui se déroule quelques mètres plus bas.  Les carangues s’activent à chasser les petits poissons qui  se sauvent à vive allure, le poisson perroquet broute le corail avec son bec,  la murène sort la tête de son trou avec sa grande bouche ouverte en croyant me faire peur, un superbe poisson lime de 50cm nage sur le côté, au ras du fond tout en changeant de couleur selon le soleil qui perce à travers les nuages  afin de mystifier ses proies et les frapper de son dar…et à travers toute cette effervescence, un bébé poisson coffre, d’à peine 6 ou 7 cm fait aller ses petites nageoires afin de rester près de sa cachette logée dans une tête de corail malgré le fort courant qui sévit.  Il est tellement mignon avec ses grands yeux, ses petites cornes au dessus des yeux et son camouflage noir et blanc….nous nous observons mutuellement de longues minutes avant que l’appel de l’apéro me ramène à la réalité…je nage en plein bonheur!!!

***

Dès le lendemain, nous levons l’ancre pour Pointe à pitre;  une escale technique qui nous permettra de se ravitailler et de louer une voiture afin de visiter l’intérieur de l’île.  Malgré les petits 21 miles qui nous séparent de notre destination, cette traversée implique un passage ce qui ne doit jamais être pris à la légère.  La météo est bonne et malgré quelques grains au départ qui nous ralentissent, notre progression se fait selon les plans.  La mer est toujours  assez forte avec ses 2.5m de creux mais bien appuyé dans ses voiles, FrenchKiss avance bien.  Une fois la pointe sud de Basse-terre atteint,  je peux abattre de 15 degrés et ainsi au travers, FrenchKiss s’envole sans une vibration et pointe à 8…9 nœuds en brisant les vagues dans son élan…..et…..un petit miracle se produit.

Je vois Sacha descendre se chercher un livre et lire avec son frère, Esther quitte sa position de navigation, soit couchée de tout son long et s’assoie en admirant le ballet des cargos qui transitent vers Pointe à pitre….mon équipage de morse est en train de se transformer.  Je décide de ne rien dire afin de ne pas briser ce moment de grâce…je demande :

-Qui a faim?

-Moi….moi….. et moi aussi!

Wow…je ne m’attendais pas à ça.  Me voila à préparer le lunch pour Esther et les garçons qui vont manger avec appétit en pleine traversée sous 20 degrés de gîte!!! Et pour une fois, il ne sera pas dégueulé dans les prochaines minutes!

4 heures plus tard, nous sommes ancrés et bien excités d’aller découvrir cette nouvelle terre qui s’offre à nous. Vite, on cherche une location de voiture mais impossible à trouver car il y a une grève générale des détaillants d’essence sur l’île…vive la France!!   Esther, fidèle à son habitude, réussit à séduire un concessionnaire de voitures et nous voilà avec une rutilante Peugeot rouge pleine d’essence.  Pourtant, la porte du commerce indiquait bien :  Désolé, PLUS aucune voiture de disponible… J’aime ma femme, et ne veut pas savoir comment elle s’y est prise pour arriver à ses fins!

Nous voilà donc, téléportés en moins de deux dans un supermarché Casino Géant. Tout excités par cette abondance s’offrant à nous, nous défilons dans les allées comme des malades et faisons exploser le budget bouffe du mois….  Les néons nous grillent rapidement les yeux et nous avons vite envie de battre le connard qui annonce constamment  ses promotions au micro… La migraine nous prend.  J’ai le mal de terre et je suis sonné de notre journée de voile en plein cagnard.  J’arrive devant le comptoir de fruits de mer et que vois-je?  Poisson coffre en spécial à 18 euros le kilo!!  Six beaux spécimens sont exposés sur la glace, les yeux vitreux et ayant perdu toute leur couleur et leur magie.  Je pète ma coche et dit à Esther « on dégage! »

Malgré notre voiture pleine de courses, nous n’avons pas le courage de rentrer et faire la cuisine…la journée se termine sur la terrasse d’un joli restaurant asiatique.  En prenant une gorgée de rosé bien frais, Esther me dit :

-J’ai un truc à te dire…

-Quoi, tu as un amant?

-Non,  c’est par rapport à aujourd’hui….c’est la première fois que j’étais déçue lorsque tu m’as dit qu’on arriverait dans moins d’une heure….j’étais tellement bien que j’avais envie que ça continue.

-Je le savais….je t’ai vue…. je l’ai senti.

Ça peut paraître banal, mais voilà une grande étape de franchi pour notre équipage…la piqûre de la voile s’est propagée à Esther et aux enfants…ils me demandent déjà quand nous allons repartir.  Sacha nous avoue même qu’il préfère maintenant naviguer au lieu de faire l’école.

Ça promet tout ça!

Pour nos dernières photos de la Guadeloupe, vous pouvez aller au lien suivant:

http://flic.kr/s/aHsjRYE9UG

 

PS: Encore merci pour vos commentaires qui sont toujours appréciés.  

Nos escales en Guadeloupe

  • Deshaies
  • Ile Pigeon (Bouillante)
  • Les saintes – Terre d’en haut
  • Pointe à Pitre


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Antigua la belle Anglaise

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Nous sommes arrivés à Antigua un vendredi 28 décembre.  Éprouvés par une première traversée et des conditions difficiles, nous avons sauté dans l’annexe dès notre arrivée afin de fouler cette nouvelle terre.   Le petit village de English Harbourg était pratiquement désert, la marina presque vide et les commerces fermés.

-Quel est ce trou??  Il n’y a rien ici ??…Nous ne resterons pas ici longtemps!!

Arriver dans une nouvelle ville, un nouveau lieu ou une île est toujours insécurisant.  On ne connait rien, on a aucun repère mais comme c’était si bien décrit dans l’introduction du film « l’auberge Espagnole » si on se donne la chance, ces rues, cette boulangerie, ce café vont finir par devenir notre rue, notre boulangerie et notre café, il faut se donner la chance de découvrir.

Du coup, nous avons repris des forces et célébré le passage de 2014 ancrés à Falmouth Harbour.  Une fête bien arrosée qui s’est terminée à lancer des fusées de détresse périmées où Jean a failli mettre le feu à un voilier tellement ses tirs étaient imprécis.  Je ne veux jamais faire naufrage avec lui car il risque de faire couler le radeau de survie avec ces trucs!!!   Quelle rigolade.

Le premier Janvier nous avons donc levé l’ancre pour explorer les beautés d’Antigua.   Les options de manquent pas; 365 plages, des mouillages bien protégés à profusion, des hôtels d’un luxe jamais vu auparavant, une riche histoire maritime et surtout, une culture de voile incroyable.  Si St-Barth est la Mecque du super Yatch, Antigua est celle des mégas voiliers….100, 200, 300 pieds…des mâts hauts comme des petits buildings, tellement qu’ils doivent avoir des feux rouges en haut de mât pour se signaler (auprès des avions).

Antigua a marqué pour nous le grand départ de notre périple.  Une première île que nous n’avions jamais explorée auparavant et le départ de notre port d’attache.  L’aventure en petite famille où le vrai rythme de voyage s’est pris.  Nous avons exploré l’île en bus local « collectivo », pris l’apéro avec des navigateurs et aventuriers formidables,  cabotés de mouillages en mouillages en prenant chaque jour plus d’assurance et de plaisir à cette vie.  Le meilleur souvenir que nous gardons d’Antigua est la gentillesse des gens, un peuple fier avec un chic très british, du skipper milliardaire au mendiant dans la rue!

À notre retour à English Harbour, après 2 semaines de cabotage, la vie avait repris.  Les grands voiliers étaient de retour de leur périple des fêtes, les cafés était pleins de jeunes matelots qui écoutaient le foot à la télé, les bars bondés de visages souriants et plein d’aventure dans les yeux….c’était maintenant notre café, notre boulangerie, notre bar, notre petite marina!

C’est donc avec un petit pincement au cœur que nous avons quitté la côte d’Antigua mais nous avons la piqûre du syndrome des navigateurs….l’appel de l’aventure et de découverte!!

Direction Guadeloupe.

Pour voir nos photos d’Antigua, suivez ce lien :

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Café à St-John

Café à St-John


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En route vers la Guadeloupe

L'équipage s'informe des formalités d'arrivée sur la Guadeloupe

L’équipage s’informe des formalités d’arrivée sur la Guadeloupe

Notre deuxième passage

La météo sera bonne, Étienne me rassure, et pourtant, je suis dans ma cabine et je n’arrive pas à m’endormir malgré la fatigue de la journée.  J’ai beau repasser mille fois dans ma tête la liste des préparatifs, tout est fait. L’annexe est montée et solidement attachée, la route est tracée, les gilets sont sortis, la ligne de vie est installée avec le harnais, les lunettes, crème solaire, les sandwichs préparés, les biscuits soda, tout est prêt afin de ne pas à avoir à descendre dans le bateau durant la traversée. Je reste un peu traumatisée de notre dernière expérience et il ne me manquerait plus qu’à me faire poser une sonde pour ne pas devoir aller aux toilettes en pleine mer…. Pour l’instant, j’arrête de boire.

On doit se réveiller demain matin à 5h30 pour partir…. Le seul problème c’est qu’on ne sait plus ce qu’est un réveil et rien qu’à l’idée de programmer notre montre, cela nous rappelle les obligations d’une vie antérieure….Bon, la nausée commence avant même d’avoir levé l’ancre. On rigole avec Étienne et on finit par s’endormir…

Lendemain matin, 6h15, tout le monde ronfle à bord.  On se réveille en catastrophe, nous sommes déjà en retard sur notre horaire.  Le réveil n’a jamais sonné ou Étienne ne sait plus comment ça marche ou bien c’est son inconscient qui a pris le dessus. On décide de se faire quand même un bon petit brunch avec œufs, toasts et café. Au moins, on aura quelque chose à vomir. On réveille les garçons, repas, gilets de sauvetage et en un éclair, on est tous dehors….

Le capitaine me demande d’aller lever l’ancre. J’ai déjà le goût de pleurer en appréhendant ce qui nous attend.  Je me surprends même à faire une prière sur le pont au dieu Éole en le suppliant de rester calme et doux durant les prochaines heures.

On sort la voile, le génois et tout se passe bien, il n’y a rien qui a bloqué, c’est pas normal…. Le vent est avec nous et nous filons à 8 nœuds… On va vite, trop vite, non????  Étienne a pourtant l’air de bien maîtriser la situation, il est même fou de joie, on devrait même arriver plus tôt que prévu, du jamais vu… Frenchkiss vole sur les vagues à toute allure, on gîte tellement fort que tout le côté tribord est sous l’eau. Sacha et moi commençons à stresser et à s’agripper comme on peut pour ne pas glisser. On regarde le capitaine et on lui demande si c’et normal de toucher l’eau comme ça… Et Étienne nous tue d’un simple regard et nous lance :

-Bordel, ça va….si vous n’aimez pas la gîte, achetez-vous un putain de bateau à moteur la prochaine fois!!!!

Ça calme tout le monde et on décide finalement de se mettre par terre à même le sol du cockpit pour ne plus avoir peur de passer par-dessus bord. Sacha, têtu comme un âne, trouvera la pire position possible pour tenir tête à son père et lui démontrer tout son amour pour les traversées… Les heures passent, on regarde MontSerrat s’éloigner avec ses fumerolles… Et tout d’un coup, je m’aperçois que malgré toute ma super organisation, j’ai oublié de prendre mes pillules pour le mal de cœur…..

Je réalise alors qu’on commence vraiment à s’amariner.  Vous dire que j’ai éprouvé du plaisir en pleine mer serait un mensonge, mais cette dernière traversée m’a permis d’avoir moins peur et de prendre un peu confiance.  Personne n’a été malade, c’est déjà une nette amélioration! Si on peut maintenant prouver que certains d’entre nous possèdent un gêne de voyageur et de soif de découvertes, je pense qu’il y en a certainement un autre pour les traversées. J’ai reçu le premier mais pas le deuxième en héritage dans cette vie, quoique les choses s’améliorent petit à petit….

Et puis quel bonheur d’apercevoir, au loin, les premiers reliefs de la Guadeloupe ave ses grandes montagnes verdoyantes. Je suis heureuse, j’ai hâte d’arriver…. Étienne est remarquable, une fois de plus… pour nous taquiner il nous pointe du doigt la direction de l’Afrique et nous dit qu’il nous faudrait environ deux semaines pour y arriver avec des vents favorables. Cela fait plusieurs fois qu’il nous le répète. Connaissant mon mari, il a bien des idées qui trottent et des projets dans sa tête. Le continent africain, vraiment?   Pour l’instant, on l’envoie tous chier…. La Guadeloupe nous attend!

Salut à tous et continuez à nous écrire.

PS: Etienne traîne à terminer son articule sur Antigua qui devrait être publié bientôt.

 

 

 

 

 

 

 


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« Close encounter » aux Saintes

Ce matin, Sacha a entendu un souffle passer le long de la coque de FrenchKiss…vite, vite, il s’est précipité sur le pont et s’est écrié:

-Un dauphin, un dauphin!!!!

Comme c’était en pleine séance de mathématiques nous avons cru au subterfuge mais, c’était bien vrai!!!

En moins de 2, Sacha et moi étions dans l’eau avec nos palmes et masques.  Ce magnifique mamifère marin s’est tout de suite approché de nous et nous avons eu la chance de jouer avec lui quelques minutes….Sacha l’a même touché….c’est le plus beau jour de sa vie et un rêve réalisé pour papa!!!

Nous sommes encore sous l’émerveillement et allons dormir avec nos masques cette nuit au cas ou il reviendrait nous voir.

Allez voir ce lien pour un extrait vidéo. Vous verrez le dauphin faire des aller retour entre moi et Sacha au loin.

http://youtu.be/jM47fvg0xyY

 

 

 

 

 


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Nouvelles photos Noël et St-Bart

 

Bonjour à tous,

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Notre album photo a été mis à jour avec quelques unes de nos photos récentes de Noël, St-Barth et de la visite de nos amis Jean et Mado.

Vous trouverez les photos sur notre page Flickr à l’adresse suivante ou sur le lien de notre site:

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Nous quittons tôt demain pour la Guadeloupe; la météo est bonne donc tout devrait bien se passer!!!

Merci pour vos commentaires qui sont toujours très appréciés

Ciao à tous et à bientot!

 

En direction d’Antigua

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Le moment du départ

Le moment du départ

Il est 1h du matin, je suis assis à la table à carte pour tracer notre position sur la carte routière.  Sous la forte gîte, mon estomac est écrasé sur le bord de la table à chaque vague et j’ai peine à voir avec les yeux qui me brûlent de sel des embruns qui perlent sur mon visage.  La lumière rouge de nuit donne l’impression d’être dans un sous-marin.  Le brut est assourdissant;  tout craque, les vagues qui cassent sur la coque, le veut qui hurle dans les haubans, la vaisselle qui s’entrechoque…on se croirait dans une capsule spatiale rentant dans l’atmosphère.  Ce séjour dans la cabine me paraît durer une éternité et je me concentre pour ne pas que la nausée me gagne.

Je remonte finalement dans le cockpit en m’accrochant de mon mieux afin de ne pas tomber.  La scène n’est pas  réjouissante.  Esther et notre amie Mado sont malades comme des chiens.  Esther est couchée sous la gîte de tout son long et ne peut pas bouger; on à l’impression qu’elle va rouler dans l’eau.  Mado de son coté doit mettre une jambe sur le pied de la table de cockpit afin de ne pas tomber en bas de sa banquette en raison de la gîte et du fort roulement de FrenchKiss.   Jean, stoïque,  est assis derrière la barre à roue surveille les instruments tout en constatant notre lente progression sur le traceur.  Je prends la relève pour mon quart afin qu’il puisse aller se reposer à l’intérieur.

Nous avons quitté St-Barthélémy en direction d’Antigua à 21h00.  Une traversée de 90 miles nautiques (160km) qui se fait au prêt, allure la moins confortable sur un voilier, s’il y en a une de confortable!   À une moyenne de 5 Nœuds, il faut donc compter 18 heures de route ce qui impose une traversée de nuit afin d’assurée une arrivée de jour car je ne connais pas les côtes Antigua.

La journée a été merveilleuse;  dernière visite de l’électricien afin de finaliser les réparations causées par la foudre avant Noel;  la gauge de fuel et le voltmètre, essentiels sur un bateau, fonctionnent à nouveau.  Par la suite, lunch dans un petit bistro du port de Gustavia: Salade de gambas à l’orange avec une, non deux bonnes bouteilles de rosé bien frais….un régal.  L’équipage est de bonne humeur et dans l’euphorie du moment, nous décidons que nous partirons ce soir…la météo est bonne, le bateau est prêt et l’équipage veut vivre cette expérience.

La nuit est bien installée et la lune, un timide croissant, n’est pas prévue avant 3h30 AM.  Il fait donc noir, très noir.  En se plissant bien les yeux, on peut apercevoir une ligne d’horizon mais sans plus.  Tout ce que l’ont voit sont les embruns colorés par les feux de positions rouge et vert et les masses sombres des nuages porteurs de grains. A chaque fois qu’un de ces damnés nuages s’approche, le vent fraîchit et nous fouette de violentes rafales…25, 30 nœuds.  FrenchKiss se cabre et se couche sous les gémissements des équipiers nauséeux et apeurés.   Tout à coup, une petite tête apparaît dans l’escalier de la descente

-Maman, … qu’est ce qui se passe, on est où?

Sacha que nous n’avions pas informé de notre départ afin de ne pas l’inquiéter est tétanisé de peur. Il a mal au cœur et se rend difficilement  en titubant dans les bras de sa mère.  Ce n’est pas long qu’il est malade à son tour….

J’ai fait beaucoup de voile dans les vingt dernières années mais pour la première fois, je réalise qu’en faire avec ses enfants est une toute autre chose.  Malgré l’inconfort du moment, j’ai la capacité de me résonner  que notre bateau est tout à fait sécuritaire et que la météo n’a rien d’exceptionnelle…il s’agit seulement de  navigation en haute mer, je n’ai aucune crainte pour notre sécurité.  Par contre, je sais que mon petit bonhomme ne comprend pas ça et il à tout a fait raison, une expérience comme celle-ci est vraiment impressionnante.  Je me sens impuissant devant cette situation mais ne peut rien faire d’autre que de garder le cap et de m’assurer de la sécurité de mon équipage.  Il ne reste que…treize heures de navigation au minimum.

Personne ne parle.  À mon poste, je scrute l’horizon toutes les 20minutes afin de m’assurer qu’aucun navire n’est sur notre route.  Je finis par en apercevoir un à quelques miles en arrière mais qui semble nous dépasser tranquillement par bâbord.  Les yeux fermés, je m’imagine comment se passe leur traversée et de quel type de bateau il s’agit.   Je m’amuse à croire qu’il s’agit peut être de l’un des magnifiques méga yachts que nous avons croisés lors de notre séjour à St-Bart et je me demande comment se passe une traversée sur un de ces navires.   Il faut le voir pour réaliser  la démesure de ces vaisseaux;  que ce soit le Luna d’Abramovich, le Grand Bleu que ce même milliardaire à donné à son meilleur ami, le Serena plus gros Yatch privé au monde, l’Olivia avec son tapis de jogging perché sur le plus haut point du bateau,   le voilier de Nelson Piquet qui rappelle la forme d’une formule 1 ou cet autre avec une glissade gonflable qui part du toit, etc.   Tous ces géants des mers valant plusieurs dizaines de millions pièces réunis à St-Barth pour les festivités de la nouvelle année et que nous avons eu la chance de côtoyer.   Est-ce que leur bateau brasse en mer?  Sont- ils en train d’écouter un film ou faire la fête au sec pendant que je me gèle mouillé derrière mon poste de commande?  A quelle vitesse vont-ils?

Mes rêvasseries continuent jusqu’à ce que tout coup….PAAAANNNNNGGGG…..je reçois un coup de poing entre les deux yeux.  Bordel de merde….qu’est ce qui se passe….le mat est tombé…Mado a été éjectée de sa banquette???  J’ouvre les yeux…..je cherche…crie……merde….il s’agit simplement d’un poisson volant d’une vingtaine de centimètres qui a décidé de venir me saluer…ouuuffffffff.   Encore sur le choc, j’essaye de l’attraper mais il est visqueux comme une savonnette mouillée.  Je finis par l’attraper avec l’écope de l’annexe et le rejette dans son élément.  Quel peur….et en prime, mes lunette sont complètement beurrées et une superbe odeur de poisson embaume le cockpit ce qui ravit mes éclopés….ca puuueeeee!!!!!!

Avec tout ce bordel, une deuxième tête apparaît à son tour dans la descente.

Maman…..cha va?

Noah qui jusqu’à maintenant avait dormi à poings fermés est réveillé et a peur. Je profite du réveil de Jean pour aller me coucher avec Noah dans le carré en espérant gagner quelques heures si possible car le cockpit commence à se faire petit en haut.  Nous nous calons bien dans la banquette et nous écroulons de fatigue malgré le bruit infernal et le mouvement.

Une heure plus tard, le bruit des winchs me réveillent.  Le vent a tourné et s’est rafraîchi d’avantage, les filles en ont marre et réclament une réduction de la gîte.  Jean fait les ajustements et du coup notre vitesse tombe d’avantage….5…. 4 nœuds…..que c’est pénible de regarder une progression si lente en voyant son équipage souffrir autant.  Heureusement que Jean est présent pour m’encourager car j’ai un petit moment de découragement….je me sens impuissant devant cette situation mais je ne peux rien faire de plus.

Voilà que Noah se réveille et a mal au cœur….il veut voir maman.  Nous voilà donc tous dehors dans le cockpit, en pleine nuit, sous 20 degrés de gîte avec 3 mètres de creux.  Tout le monde est couché sauf Jean et moi…..j’ai l’impression d’avoir un troupeau de morses à bord tellement il n’y a plus de place.  Les oreillers, le seau à vomi,  les serviettes…inutile de penser à border ou choquer une voile….aucune écoute d’accessible.  Je démarre donc le moteur pour le reste du voyage sinon nous n’arriverons jamais et je vais me faire trucider.

Le soleil se lève…enfin!   Les réjouissances sont de courte durée.  Au moins la nuit on est dans un certain néant mais avec la lumière, on se rend compte qu’on est encore loin….rien en vue sur 360 degrés!   De plus, le vent forcit  et maintenant que nous voyons toutes ces grosses vagues qui freinent le bateau, nous voilà peu encouragés.

Finalement, terre, terre!!!!  Petit moment de réjouissance bienvenu car Esther, Sacha et Mado en sont rendus à la bille et Noah commence à être malade aussi!   Sacha pleure et n’en peu plus.  Ayant abattu pour soulager le bateau pendant la nuit, il faut maintenant remonter presque vent debout et FrenchKiss à peine à avancer à 4 nœuds.  Les filles s’impatientent et me demandent aux demi-heures:

-On arrive bientôt?  Combien de temps reste-il?

Et moi de répondre comme le fait un père dans la voiture avec ses enfants :

-Oui,  Oui, on arrive bientôt…plus que 8 miles.

Ce que je ne dis pas, c’est qu’il reste 8 miles jusqu’au prochain waypoint, et  encore 15 autres par la suite…..un peu de psychologie pour ne pas décourager les troupes!!  Les deux dernières heures sont interminables et Esther est sur le bord de me pousser à l’eau, par contre elle n’a pas la force de se lever…elle me balance :

-Profites-en car, c’est ta dernière escale, j’espère qu’Antigua est une belle île car on arrête ici, je ne susi pas capable!!!!!

20 heures plus tard, à 16 heures précise nous entrons enfin à Falmouth Bay, voisine d’English Harbour.  Des que nous passons le cap rocheux, la houle se dissipe et FrenchKiss  glisse maintenant gracieusement sans effort dans l’eau.  Le soleil brille et une effervescence envahit l’équipage;  la bande de morse semble se réveiller d’un cauchemar; on ramasse, on s’étire, les enfants sautent de joie.   Le majestueux Club Med II avec ses 5 mats nous accueille éclairé du soleil descendant.

Je jette l’ancre, serre mon second Jean dans mes bras et ouvre une bonne bière.  Je félicite tout mon équipage pour leur courage et leur patience…malgré toutes ces émotions, personne ne s’est plaint et a pris son mal en patience.  Je lance à la blague :

-Merci d’avoir partagé cette première et dernière traversée avec moi…ce sera tout un souvenir!

Et mon petit Sacha qui se tourne vers moi et me dit après avoir tant souffert et eu peur:

-Papa, tu as tellement travaillé fort pour préparer ce voyage, il n’est pas question d’arrêter là.  Laisse-nous reprendre des forces quelques jours et nous continuerons, je te promets.

Les larmes aux yeux, je regarde mon petit bonhomme et le sers dans mes bras.

Cet instant à lui seul valait le voyage.

Merci Sacha

Prochain Article….Antigua la belle anglaise!

La version d’Esther

De nature très (ou trop?) positive, Etienne ne garde que le meilleur en souvenir….. Moi, je vous le dis, cette traversée reste pour moi une des expériences les plus terrifiantes de ma vie! C’était un véritable cauchemar, une souffrance qui a duré plus de 20 heures… Avec l’angoisse, je voyais toujours un des enfants rouler par-dessus bord en pleine nuit, ou encore perdre notre capitaine assommé par un coup de baume…. J’étais persuadée qu’avec une telle gîte, il  y en aurait un de nous qui finirait dans cette horrible masse noire… Je savais que si cela arrivait, il n’y avait aucune chance de survie car on ne voyait absolument rien…. Je me suis même mis à détester la mer avec son écume blanche prête à nous engloutir… Bref, un véritable dépassement de soi pour l’un, est un terrible cauchemar pour l’autre…. La seule chose qui est incroyable, c’est que la nature est bien faite et que l’on se dit que ça valait la peine…. Après avoir pris une courte mais bonne douche, avoir avalé un bon repas et même pris un verre de vin, je ne peux pas dire que j’ai tout oublié mais je suis prête à recommencer…. De toute façon, je  n’ai pas trop le choix mais je continue à détester les traversées et la prochaine à venir est encore bien angoissante pour moi…. La seule chose réconfortante, c’est qu’elle sera plus courte et se fera de jour….. Merci à Jean de nous avoir aidé à poser les filets autour du cockpit dès notre arrivée…. Psychologiquement, ça aide!!!!! Si l’un de nous roule par-dessus bord…  Et l’appel de la Guadeloupe me donne un peu de courage….. Nous pensions même l’apercevoir au loin, mais on vient de se rendre compte qu’il s’agit du volcan Montserrat à 20 miles ….. Quelle déception, c’était trop beau pour être vrai!!!!! Il faudra encore faire 45 miles pour y arriver…. Étienne vous dira que ça va prendre environ 7 ou 8 heures, moi je vous dis que ce sera encore une traversée d’une douzaine d’heures….. À suivre!!!!!

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Lunch aux gambas avant le départ

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Souper le soir de l’arrivée…explosés de fatigue

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Depart du quai de Gustavia

 

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Notre vaillant seau au travail

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Les megas yatch s`enlignent au quai de Gustavia

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Sacha gére la manoeuvre d’accostage

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Voici les différents Yachts repérés par Esther pour son prochain périple

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